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vendredi 30 janvier 2009

BNP Paribas fait des concessions sur l'assurance pour emporter Fortis

Afin d'obtenir l'accord des actionnaires pour l'acquisition de la première banque belge, la banque de Beaudoin Prot s'est mise d'accord avec le gouvernement Van Rompuy pour ne prendre que 10% de l'activité assurance, contre 100% initialement prévu. En revanche, elle ne modifie pas le niveau de 75% de participation dans Fortis banque.
Le siège de Fortis - AFP John Thys
Les autorités belges, BNP Paribas et le groupe financier Fortis se sont entendus vendredi sur des révisions du démembrement de ce dernier, afin de convaincre les actionnaires du groupe bancaire belge, mécontents des conditions fixées initialement, d'accepter l'accord lors de l'assemblée générale imposée par la justice et prévue le 11 février. Le gouvernement du Premier ministre Herman Van Rompuy, qui a annoncé l'accord aux premières heures de vendredi, espère que les modifications apportées permettront de tourner la page de la débâcle de Fortis, qui avait conduit à la chute de son prédécesseur le mois dernier. La première banque belge avait été nationalisée provisoirement en octobre pour éviter la faillite.
Selon le nouvel accord, entériné lors d'une réunion ministérielle qui a duré toute la nuit, BNP se contentera de prendre une participation minoritaire de 10% dans les activités d'assurance et non 100% comme initialement prévu, pour un montant réduit en conséquence et 5,5 milliards d'euros à 550 millions d'euros, précise un communiqué du gouvernement belge. En revanche, le niveau de la participation future de BNP Paribas dans Fortis Bank Belgium (75%), n'est pas modifié.
La banque de Beaudoin Prot avait toujours dit qu'il ne ferait pas de concession sur la banque, source d'importantes synergies d'exploitation. Elle a obtenu gain de cause. En revanche, la banque française avait laissé entendre qu'elle pourrait faire des concessions "à la marge" sur les activités d'assurance. Elle est allée beaucoup plus loin, y compris des recommandations des experts mandatés par la justice blege, qui préconisaient implicitement de limiter à 75% sa prise de participation dans cette activité.
Les actionnaires critiquaient aussi le fait qu'un portefeuille d'actifs à risque, que BNP refusait de reprendre, soit laissé essentiellement à la charge de Fortis Holding (la société gardant les actifs restant du groupe, non vendus à BNP ou à l'Etat néerlandais). Cette dernière verra sa part ramenée de 4,1 à 1 milliard d'euros, et BNP la sienne relevée de 10% à 12%. Le gros du financement (6,5 milliards d'euros) sera assuré par Fortis Banque, avec une garantie de l'Etat belge jusque 5 milliards. Fortis Holding aura également un droit sur les éventuelles plus-values que l'Etat belge réalisera en revendant les actions BNP avec lesquelles le groupe français veut payer Fortis Banque. Après l'opération, la Belgique sera encore actionnaire à 25% de la banque belge, et à environ 11,6% de BNP.
Les soucis de Fortis avaient débuté en septembre. Soucieux d'éviter une catastrophe économique et sociale, les Etats du Benelux avaient alors négocié dans l'urgence un renflouement du groupe puis la vente par appartements de ses meilleurs actifs. Les Pays-Bas avaient nationalisé l'essentiel des activités néerlandaises, et BNP devait prendre le contrôle des actifs belges. Mais les petits actionnaires, furieux de voir leurs actions s'effondrer et leur groupe réduit à une coquille presque vide contenant surtout des actifs à risque, ont alors multiplié les recours en justice. Mi-décembre, la Cour d'appel de Bruxelles a exigé que les actionnaires belges votent en assemblée générale sur les opérations ayant conduit au démantèlement. En attendant, elle a gelé les transactions avec BNP.
L'affaire Fortis, rebaptisée pour l'occasion "Fortisgate", a déjà fait chuter juste avant Noël Yves Leterme, artisan du démantèlement mais dont l'entourage était accusé de pressions sur la justice. Une commission d'enquête parlementaire a été mise sur pied pour faire la lumière sur ce dossier.
Pour limiter les nouveaux dégâts que provoquerait un vote négatif des actionnaires, l'Etat belge a préféré cette fois renégocier avec BNP. L'impulsion a été fournie mardi par un rapport d'experts mandatés par la Cour d'appel pour aider les actionnaires à se décider.
S'ils validaient dans les grandes lignes le démantèlement de Fortis, rendu inévitable par la crise financière, ils recommandaient de renégocier certaines modalités des transactions. Mais le dernier mot reviendra aux actionnaires. Et la Belgique et BNP ne seront peut-être pas les seuls à devoir rendre des comptes : des actions en justice ont aussi été intentées ou sont en passe de l'être contre l'Etat néerlandais.

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